Notre Histoire
Hélène Gaud pour l’état civil, La Mère Gaud pour tous les autres.
Née en 1914, avec la grande guerre, elle résiste à la grippe espagnole, d’origine aviaire dit-on aujourd’hui. Ne serait-ce pas là que le virus des poules lui aurait été transmis ?
Après la seconde guerre mondiale, elle obtient son permis poids lourd et au volant de son camion va toutes les semaines à Lyon aux abattoirs de la Mouche pour approvisionner la salaison familiale. Volontaire, farouchement indépendante, peu encline à suivre les chemins battus, elle démarre à cette époque un élevage de volailles. Le « virus » inoculé trente ans plus tôt refait surface.
Mais aucun vaccin n’existe contre sa passion aviaire, elle vend ses poussins sur les marchés et dans son parc avicole de Ballaison. Pendant quelques années, on la croit sinon guérie au moins stabilisée, mais elle fait une rechute dans les œufs cette fois. Elle se lance dans l’élevage de poules pondeuses avec pour objectif de ramasser un carton de 360 œufs par jour, et de le vendre bien sûr, ce qui ne lui pose guère de problèmes.
L’entreprise prend de l’ampleur et au début des années 1970 naît Baby Coque, qu’elle crée avec ses deux fils. Elle participe activement au travail, on s’en doute : ramassage des œufs, calibrage, expédition et livraison. Mais Baby Coque volant de ses propres ailes, ses premières amours reprennent le dessus.
Elle réinvestit son parc avicole et s’adonne avec entrain à la vente de poussins, poulets et autres volatiles vivants à une clientèle de petits agriculteurs chablaisiens. Les vacances n’étant pas son « truc », elle se ménage quelques moments de loisirs et enrichit le parc avicole de pigeons, paons, canards et oies d’ornement, pour les amoureux des « belles » volailles. Là encore l’activité progresse, mais laisse du temps libre l’hiver.
Or, La Mère Gaud partage avec « Dame Nature » une aversion certaine pour le vide. Germent alors deux idées : les escargots, jugés intéressants puisqu’ils ne mangent que quand il pleut… et le foie gras, parce que les canards ne manquent pas à la maison et qu’un « Savoyard vaut bien un Gascon ». Si les escargots sont sans délai laissés dans leurs coquilles, le foie gras est étudié sous toutes ses facettes. La saveur est appréciée par toute la famille, lors du baptême de sa petite fille notamment.
La Mère Gaud elle, a trouvé la note salée et le foie beaucoup trop gras. Aléa jacta est !!! Si certains traversent le Rubicon, la Mère Gaud se contente du Rhône, puis de la Garonne et se retrouve à 65 ans, stagiaire en plein Gers puis bientôt dans les Landes. C’est peu dire que la « grand-mère » intrigue au milieu des jeunes recrues ! Mais personne n’arrive à la décourager.
« Pour faire du foie gras, il ne suffit pas de savoir gaver, ce qui n’est déjà pas une mince affaire, mais il faut avoir aussi un abattoir et un laboratoire avec des frigos » la préviennent ses formateurs. « J’habite au pied du Mont-Blanc, alors question frigo on est servi, pour le reste on fera avec les moyens du bord » ment-elle avec aplomb ! Version savoyarde de « l’intendance suivra » Et c’est ainsi que débute la production surprenante et incongrue de foie gras à Ballaison.
La Mère Gaud reçoit ses premiers clients avec une tarte, et donne des rillettes à tour de bras, les recettes se créent et s’améliorent. Le bouche à oreille fonctionne, la production peine à suivre la vente.
Si l’image de La Mère Gaud perdure encore, c’est parce qu’elle n’est ni une création publicitaire, ni une image virtuelle, mais reflète simplement une réalité. Bien qu’elle ne soit plus présente, l’équipe veille à promouvoir son état d’esprit et à transmettre aux générations futures le précieux héritage qu’elle nous a laissé.